Personnellement je n'ai jamais compris pourquoi le trail ne devrait être envisagé que comme une succession de semaines de préparation et une succession de courses. J'aime autant préparer un itinéraire, l'imaginer que le réaliser en pleine nature. Je dirais même que je préfère être immergé seul en montagne ou en forêt à courir que d'être en file indienne sur un sentier ou me mesurer à mon voisin. Les deux approches me semblent complémentaires et indissociables. La course me permettra d'aller peut-être courir au-delà de 50 kilomètres mais courir seul un trail de 40 km en autosuffisance est presqu'un objectif plus grand encore pour moi.
Ce dimanche 10 novembre, le parcours que je prévoyais ne m'était pas connu d'avance. J'avais donc préparé un petit bout de carte IGN plastifié dans la poche et suis parti à l'aventure. Le sac s'est avéré un peu juste pour ce format de course par un temps incertain. Je suis donc à la recherche d'une bonne lampe frontale depuis quelques semaines déjà, et maintenant d'un sac de 10 ou 12 litres pour les sorties longues ou les sorties en montagne avec météo capricieuse.
L'accès en voiture au village de
Sablières qui se trouve tout au fond de la vallée de la rivière Drobie a été long car la magnifique petite route ressemble à un chemin goudronné. Mais finalement, plus j'avançais et plus je savais que la course serait "sauvage".
Une fois garé devant le cimetière, un chemin dans les châtaigniers et couvert de feuilles met tout de suite dans l'ambiance. Pas d'échauffement. Il faut grimper et ça va durer longtemps.
La piste monte longtemps mais les pourcentages sont variables. En tout cas, les 5 premiers kilomètres ont été pris tranquilles pour ne pas se mettre dans le rouge car la route promettait d'être longue. J'ai donc pu profiter des paysages.
Après une dizaine de kilomètres de montée, et après être parti de 500 m d'altitude, c'est la forêt de Prataubérat avec ses hêtres (on dit "fayards" chez nous!) et ses sapins. J'approche du point haut de la sortie situé à 1200 mètres d'altitude par une piste vallonnée, ce qui permet de récupérer un peu en trouvant un rythme et une fréquence cardiaque réguliers.
La pluie et le vent m'accompagnent depuis les 700 m d'altitude environ mais c'était jusque là agréable. Le chemin quitte l'espace forestier et pénètre dans l'espace agricole fait de pâturages et de chaos granitiques somptueux mais le vent redouble. Les rafales sont très violentes et la pluie tombe à l'horizontale.
Au lieu dit La Fouette, la pluie semble se calmer, les arcs en ciel pointent le bout de leur nez et une belle et longue descente commence. Le dernier pâturage et la dernière étable en granit laissent la place à la forêt de châtaigniers et sa calade.
La descente est très technique. Chaque appui doit être précis et la pluie a rendu les pierres extrêmement glissantes. Je glisse d'ailleurs deux fois sans conséquence mais je ralentis à chaque fois l'allure.
Je dégringole donc de 1200 m à 500 m d'altitude et mes chevilles me le font sentir.
Quelle magnifique descente! Un régal de sentier purement ardéchois. L'automne, les feuilles, les cascades, les bogues : tout est superbe mais je dois regarder le bout de mes pieds.
Tout en bas, je longe la Drobie et une dernière montée sèche me surprend. Enfin le pont, synonyme de passage sur l'autre rive et donc d'arrivée.
Il me reste 3 km environ et un hameau abandonné à franchir : le Bizal. Le sentier est légèrement vallonné à flanc de montagne, suivant les faysses (terrasses de pierres sèches construites pour cultiver les pentes.) et le soleil est définitivement sorti mais une méchante ampoule sous le pied m'empêche de l'apprécier pleinement.
Au final, la sortie fait 28.45 km et 1030 m de D+ avec les quelques erreurs de navigation.